5 milliards d’euros pour revitaliser les centres villes : quelles opportunités dans le commerce ?

222 villes moyennes ont été choisies par le gouvernement pour bénéficier de 5 milliards d'euros afin de redynamiser leur centre-ville, de Dunkerque à Saint-Brieuc, en passant par Bayonne ou encore Grasse.

Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a dévoilé la liste des 222 villes qui allaient bénéficier d’une enveloppe de plus de 5 milliards d'euros, sur toute la durée du quinquennat. L’objectif ? Redonner de la vie et redynamiser ces localités, qui comptent entre 30 000 et 50 000 habitants, et abritent près d'un quart de la population française et de l'emploi. « Les villes moyennes portent une grande partie de l'identité de notre pays », a déclaré le ministre. « Elles sont, pour beaucoup de Français, la grande ville d'à côté. Elles ont toujours eu une fonction de centralité et portent le dynamisme de tous les territoires avoisinants ». Mais en lieu et place de villes dynamiques, les riverains constatent surtout des magasins vides, des galeries commerciales en déshérence, des artères commerçantes désertées

Plus de 2 boutiques sur 10 abandonnées

Aujourd’hui, selon la fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce Procos, plus de 2 locaux commerciaux sur 10 (20,8 %) sont abandonnés dans les centres-bourgs des villes moyennes (contre 6,6 % en moyenne au niveau national). Un phénomène qui s’accélère notamment dans le nord de la France et autour d'une diagonale allant de la Meuse aux Landes. Pour les commerçants et les habitants, les raisons de cette désertification ne font pas de doute : multiplication des grandes surfaces en périphérie des villes, difficultés de stationnements face à la gratuité des parkings en périphérie, essor de l’e-commerce, soldes toutes l’année, loyers exorbitants, impuissance des maires…

Réinstaller les commerces

Parmi les premières actions emblématiques du plan gouvernemental baptisé « Action cœur de ville », on note une série de mesures visant à faciliter la réinstallation des commerces : extension de l'ouverture le dimanche des supermarchés qui doivent aujourd'hui fermer à 13 heures, amélioration des transports et du stationnement pour accéder aux centres-villes, accompagnement des commerçants dans leur transition numérique, révision de la fiscalité pour soutenir le commerce de ville face au e-commerce… Autant de pistes qui devraient s’éclaircir dans les prochains mois.

Le commerce : un secteur d’activité pour 3 filières

Le commerce et la vente sont divisés en 3 filières : le commerce de détail (vente, livraison et installation de marchandises destinées aux particuliers), le commerce de gros (achat, entrepôt et vente de marchandise aux entreprises et aux professionnels) et le commerce et réparation auto/moto. Le commerce de détail est le principal employeur et concentre plus de la moitié des effectifs du secteur. Trois métiers y sont particulièrement recherchés : vendeurchef de rayondirecteur de magasin.

827 000 postes à pourvoir 

Aujourd’hui, le commerce représente plus de 3 millions de salariés et 89 % des contrats de travail sont des CDI. Un secteur qui fait la part belle aux jeunes puisque plus d’un tiers des salariés ont moins de 35 ans.

Selon les prévisions de Michael Page dans son baromètre des rémunérations 2018, le secteur du commerce et de la distribution sera en France, d’ici 2030, le secteur le plus créateur d’emplois, avec celui de l’hôtellerie-restauration. Le gouvernement estime à 827 000 le nombre de postes à pourvoir entre 2012 et 2022, dont 276 000 créations nettes d’emplois. Une hausse des recrutements particulièrement forte chez les vendeurs (100 000 emplois supplémentaires), les attachés commerciaux (49 000 créations d’emplois) et, plus encore, chez les cadres et technico-commerciaux (80 000 créations d’emplois).

Rien que pour 2018, le baromètre annuel du Pôle emploi, qui dresse les besoins de Main d’œuvre des chefs d’entreprise, fait état de près de 300 000 projet d’embauches dans les mois à venir.

Ces commerçants et artisans qui font vivre les villes : des métiers passion pour des revenus qui réservent des surprises

Derrière ces chiffres officiels, la revitalisation des centres villes passe avant tout par la réouverture de commerces de base : boulangeries, boucheries, épiceries, bars… Les boulangeries-pâtisseries occupent la première place sur le podium des commerces de proximité les plus fréquentés, même si en nombre d’enseignes, ce sont les épiceries, les cavistes et les boutiques de produits bio qui prennent la tête (40 000 commerces en France). Viennent ensuite les boucheries-charcuteries-traiteurs, les poissonneries et les fromageries.

Des métiers qui relèvent autant du commerce que de l’artisanat, et qui font trop souvent face à des difficultés de recrutement, notamment dans la boucherie. Pourtant, le baromètre de l’artisanat 2017-2018 de l’Institut supérieur des métiers (ISM), en partenariat avec l’assureur Maaf, dévoile pour la première fois les revenus perçus par ces artisans, et on apprend ainsi qu'un boucher gagne en moyenne 30 400 € net par an, soit un salaire net mensuel d'un peu plus de 2 500 €. La profession est, parmi les métiers de bouche, celle qui gagne le mieux sa vie. Idem pour les poissonniers. Un peu moins « bien lotis », les boulangers se versent 25 300 € net par an, soit 2 100 € par mois.