De nombreux chiffres circulent sur le travail des femmes et les inégalités dont elles font l’objet : niveaux de salaire, taux d’activité, taux d’emploi… L’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est lui-même sujet à confusion puisqu’il existe différentes manières de le calculer (tous niveaux confondus, en équivalent temps plein, à diplôme égal…) autant qu’il existe d’organismes à l’observer  : Insee, OCDE, Eurostat, DARES… Alors quels sont les derniers chiffres des inégalités H/F en France ? Comment interpréter les pourcentages des multiples observateurs ? Mode(s) d’Emploi vous aide à y voir plus clair…

Les inégalités H/F en France et en bref :

  • Les femmes gagnent 24 % de moins que les hommes par an (salaire annuel moyen).
  • En équivalent temps plein, elles perçoivent 17 % de moins par an.
  • A poste et expérience équivalents, les femmes touchent 12,8 % de moins que les hommes.
  • A caractéristiques professionnelles comparables, l’écart salarial s’élèverait à 8 %.

(« Femmes et hommes, l’égalité en question » Insee Références – Édition 2017)

Plusieurs grands constats :

  • Les femmes occupent moins souvent des postes rémunérateurs (postes de cadres ou de professions intellectuelles supérieures) pour une raison : les comportements discriminatoires à leur égard.
  • La part de cadres est moins importante chez les femmes : on compte 20,5% d’hommes cadres vs 14,7% de femmes cadres.
  • Les femmes sont moins représentées que les hommes dans les secteurs d’activité où les salaires moyens sont les plus élevés.
  • Leur expérience professionnelle est moindre et moindrement valorisée, notamment en raison d’interruptions de carrière plus fréquentes (congés maternité et congés parentaux notamment).
  • Les femmes ne négocient pas autant leur salaire que les hommes : une étude de la Harvard Business Review montre en effet que les femmes sont 11 % moins susceptibles de négocier leur rémunération que les hommes.
  • Le taux d’activité en temps partiel est 4 fois plus fréquent chez les femmes.

Taux d’activité et chômage des femmes

  • Le taux d’activité des femmes est plus faible que celui des hommes : 68 % de femmes sont actives contre 76,1 % d’hommes (taux de chômage Insee au 4e trimestre 2018 au sens du BIT – le Bureau International du Travail).
  • Le taux d’activité en temps partiel est 4 fois plus fréquent chez les femmes : 30,4% chez les femmes contre 7,9% chez les hommes. Le temps partiel progresse toutefois chez les hommes alors que son taux se stabilise chez les femmes. A noter que 24% des femmes et 11% travaillent à 80%. En 2015, la durée annuelle effective travaillée par les femmes à temps complet était de 1578 heures en moyenne contre 1707 heures pour les hommes soit 8% de moins.
  • Le taux de chômage des femmes est légèrement moins élevé que celui des hommes : 8,4 % contre 8,8 (Insee – T4 2018). Depuis 2012 et la crise économique, le taux de chômage des hommes a dépassé celui des femmes, la crise ayant touché des secteurs majoritairement « masculins » comme le BTP ou l’industrie.

Salaires des femmes

Une partie des écarts de salaire entre les femmes et les hommes provient de différences de caractéristiques liées aux niveaux de qualification, au diplôme, à l’expérience professionnelle, à l’ancienneté, à l’âge, au secteur d’activité ou au type d’employeurs.

  • En France, le salaire moyen annuel des femmes est de 24 % inférieur à celui des hommes (tous niveaux confondus), soit 17 820 euros pour les femmes contre 23 400 euros pour les hommes. Un écart plus prononcé chez les diplômés et les cadres, et dans le secteur privé que le public. En équivalent temps plein (EQTP), cet écart s’élève à 17%.
  • A caractéristiques professionnelles identiques, l’écart salarial s’élèverait à 8 %. Mais depuis 1995, la réduction des inégalités salariales entre les femmes et les hommes est essentiellement portée par une baisse de « l’écart inexpliqué ».
  • Dans l’Union Européenne, les femmes gagnent en moyenne 16 % de moins que les hommes selon les chiffres compilés en 2016 par l’office européen de statistiques Eurostat. « Pour chaque euro gagné dans l’heure par un homme, une femme gagnait en moyenne 84 centimes » en 2016 résumait Eurostat lors de la sortie de ses chiffres.

La négociation salariale, point faible des femmes

Les hommes seraient 9 fois plus prompts à négocier leur salaire que les femmes selon une étude de 2007. Avant celle-ci, en 2003, le sondage Babcock et Laschever fait aux Etats-Unis démontrait que les jeunes hommes sont 4 fois plus enclins à négocier leur première paie que les jeunes femmes. Selon une étude américaine, les femmes tirent leur épingle du jeu dans les environnements de travail aux politiques salariales claires.

Femmes et secteurs

Secteur privé vs public

La fonction publique compte 62 % de femmes contre 44 % dans le secteur privé selon le rapport annuel sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique, publié en 2015. Dans la catégorie A (catégorie hiérarchique la plus élevée), les femmes sont proportionnellement plus nombreuses et représentent 63 % des effectifs.

Secteurs d’activités

La majorité des femmes exercent toujours dans seulement 12 familles professionnelles sur 87 rappelait le CIDJ en 2018. Elles sont surreprésentées dans le secteur tertiaire. 44,8 % des emplois féminins sont concentrés dans quelques secteurs peu rémunérateurs : l’administration publique, le santé/social, ou l’enseignement selon l’Insee.

  • Les femmes sont particulièrement représentées dans les carrières de l’enseignement, mais plus le niveau s’élève, moins elles sont présentes. En élémentaire et secondaire, les femmes sont majoritaires, mais dès que le niveau s’élève, comme dans l’enseignement supérieur, elles sont moins de 40 %.
  • Le secteur de la santé emploie une majorité de femmes. Les infirmières représentent 87 % des effectifs. Selon Michel Tardit, chargé de veille au CIDJ, « 8 infirmiers sur 10 sont des femmes et bientôt, 1 médecin sur 2 sera une femme. Beaucoup d’hommes médecins sont en effet proches de la retraite ».
  • Les femmes sont très présentes en gestion et administration des entreprises (compta, finance, RH…). « La part de l’emploi féminin y est en hausse, notamment chez les cadres où elle pourrait atteindre 57 % à l’horizon 2022 » commente Michel Tardit du CIDJ.
  • Dans la banque et l’assurance, les femmes sont majoritaires dans les effectifs et les recrutements.
  • Les femmes représentent moins de 30 % des effectifs dans les secteurs qui recrutent comme l’informatique/numérique, le commerce/vente, l’ingénierie/R&D.
  • La fonction commerciale est elle-aussi très « masculine ».
  • En R&D (recherche & développement), les femmes représentent 30 % du personnel de recherche

Femmes et retraite

Selon le dernier panorama sur les retraites publié par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), au 31 décembre 2015, tous régimes confondus, les femmes ont touché en moyenne 1 050 euros bruts par mois contre 1 730 euros bruts pour les hommes soit 39% de moins.

Que penser des chiffres liés aux inégalité H/F ?

Les inégalités H/F tendent à se réduire : les femmes salariées du privé gagnent en moyenne 14 % de moins que les hommes (chiffres 2014) alors qu’elles gagnaient 17 % de moins en 1995 selon l’enquête Insee « Emploi, chômage, revenus du travail » publiée le 4 juillet. De même, le salaire horaire moyen des femmes a augmenté de 28,2 % et celui des hommes de 24,5 % en 22 ans.

Toutefois, si les inégalités H/F tendant à se réduire, les femmes restent à ce jour moins bien rémunérées que les hommes malgré la hausse constante de leur niveau d’études et de leur expérience professionnelle.